Mon corps est une vierge de fer.

Il emprisonne mon esprit.

Ankylose mes os.

Alourdit mes mouvements.

Ses crocs acérés me perçant de toute part.

Mon esprit s’enlisant de plus en plus dans les sables mouvants de l’adynamie.

Jusqu’à s’y figer, à jamais.

Je reste donc là, à attendre qu’arrive mon dernier souffle.

J’observe ce monde étranger depuis ma glaciale prison,

Je veux m’envoler loin de mon corps, m’envoler loin de cet horrible destin, mais rien n’y fait,

Je reste là, tel Jésus sur la Croix.

Cette machine infernale continuant de se mouvoir alors que,

Mon esprit, tel un oiseau, veut s’envoler.

Être libre !

Il n’a pas choisi de moisir dans cette carcasse au sein de laquelle il ne peut rien ressentir.

Ah, Dame ! Si la Vierge pouvait lui faire sentir la douce caresse du sang qui coule, il se sentirait enfin vivant.

Il ressentirait enfin quelque chose d’autre que le silence et l’isolement, lui qui n’a plus vu la lumière depuis Dieu sait quand.

Que quelqu’un entende.

Que quelqu’un vienne.

Que quelqu’un vienne briser ses chaînes et ouvrir la cage.

Qu’il puisse enfin ressentir la douce caresse du vent sur son visage, en arpentant le ciel, à tire d’ailes, sans entraves, sans limites, libre et heureux.

Libre et immortel, nullement soumis aux limites imposés par l’espace et le temps, la vie et la mort.

Flottant dans l’éther, débarrassé des automatismes absurdes de la Vierge De Fer appelée « Corps ».

Délivré de toutes ses entraves et rendu à sa véritable et immortelle liberté.

Ce poème est un appel à l’aide : il expose la détresse que peut ressentir une personne victime de dysphorie de genre. Astrid Fox, poétesse trans militante, compare ici le corps à une vierge de fer, instrument de torture enfermant. Cette ambiance claustrophobique peut être rapprochée d’une conception platonicienne de l’âme et du corps.