ta salive sur ma peau comme reste la traînée des limaces
depuis j’ai voyagé
un peu
j’ai posé mes membres comme
l’on plie et l’on range son linge sur le lit des glaciers aux
montagnes endeuillées de la gaspésie
on n’y voyait pas la mer et pourtant
je sais
que
tu es
comme sont les algues au fond des baies sales et
roulent les volcans pour t’offrir des îles moi je ne t’offre rien
que tu n’aies déjà
une cabane de ruisseaux où fonder une ville
refuge où
ta cambrure encore enfile mes fjords
ce que je serais si je ne t’étais pas
remord
et sans dire ton nom sauf celui
de la mer tu sais que mon vent
est tout aussi bas
comme le voile d’une voix sur des océans lisses
comme une toile de tente sur mon crâne en lilas et sans rien te dire des
champignons gris poussent aux côtes des épineux maigres
et tordus
aérés par l’haleine des terres que
tu n’as jamais vues et pourtant
elles savent
que
tu es
sous les souches comme une colonie
sous le climat mousseux des bas de forêt
je cueille des bouquets de bûches et de rites
pour
agrandir la tablée des visages de mon corps où encore
tu demeures la belle
venue
Loréna Bur aime les kit kat, les chaussettes à motifs et les petits bouts d’îles qui gigotent dans ses poches. Née en Nouvelle-Calédonie, elle quitte le Caillou pour poursuivre des études de littérature et d’anthropologie. Elle n’est pas triste. À des milliers de kilomètres, la maison est un peu partout où on l’écrit.