pluésie

POÈMES LGBTQI+

Peau neuve

Dehors je ne me connais pas

Je n’ai jamais senti la pluie sur cette peau-là

Ma peau neuve inlassablement

Patiente de voir le jour

 

Dehors elle titube, enfant incertain

Je fais mes premiers pas, je me tiens la main

Prudente

 

J’ai appris de ma peau flétrie que je traîne en doudou

 

Ma peau du dehors est née de la dernière pluie

Des larmes de ma mère, de son soudain silence gris

Ma naissance l’a blessée

Alors que je sors soleil maman s’habille d’orage, perd sa fierté

 

J’ai appris de ma peu flétrie que je regrette parfois

 

Ma peau fragile est un oisillon esseulé

Elle cherche sans relâche le chant familier de ma vieille peau trop étroite

Le confort des couleurs terne

Ma peau nouvelle se souvient des ténèbres de sa cage

 

J’ai appris de ma peau flétrie, bâillon et victime

 

Ma peau d’enfant est plus légère

Elle se souvient et espère

Elle est sage des souvenirs de ma vieille vie

Accueil en son sein rosé, le doux soleil d’un soir d’été

 

J’ai appris de ma peau flétrie qui a donné sa vie

À ma peau renaissance

Pour qu’elle sache aimer mieux, pour qu’elle vive plus grand

Pour qu’elle brille

En matin de printemps

 

 

Kenza écrit sur ce qu’elle ne comprend pas, ce qui lui échappe, l’intrigue. Elle écrit donc beaucoup et souvent. Elle croit profondément en la poésie du quotidien, à laquelle nous sommes trop souvent aveugles, et elle tente de la révéler par les mots qu’elle couche sur papier. Leur sens parfois multiple, leur poids, les émotions qu’ils suscitent, les images qu’ils évoquent, quand ils sont bien choisis, lui permettent de faire sens de ce qui, pour elle, n’en a pas. Ce poème raconte la cohabitation entre être et « devenir » lesbienne, le besoin et la frousse. 

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1 Commentaire
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Yasmine
1 an

Cet oisillon esseulé deviendra un grand phoenix 🥰

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