Dernière pluie
On s’arrête pour pisser
et là :
Curieux désir de descente en forêt.
Nous y croiserons les chasseurs
avinés et aux yeux en pleurs.
Ils font semblant de n’aimer que leurs femmes
et pourtant nous avons vu
leurs branches s’offrir
au premier passant qui s’arrête.
Je ne veux pas la moelle
Le langage désossé
Fantasme d’ennui.
Je veux trouver,
Plonger les yeux dans ce qui fait le monde.
Je veux sous le ventre gonflé d’un buraliste rougeaud
Trouver la flamme.
Sentir ce geste bateau,
en apprécier la force naïve.
Leurs mots nous tombent dessus
en un élan aqueux.
Et voilà
Nous sommes nés
de cette dernière pluie.
Pour parler de sexualité gay en forêt, Louis Zerathe emploie un ton volontairement revanchard. Il s’agit d’inverser le rapport de force et de faire des mâles dominants de ce texte des entités qui désirent. C’est une proposition : ils détestent autant qu’ils veulent. Et même : ils détestent parce qu’ils veulent.
Le site de Louis Zerathe, c’est par ici, et son compte instagram, par là.
Superbe !