Beaux-arts
il
sort du musée, soudain
comme on sort d’une éclaboussure
il s’était bien mouillé la nuque
échauffé ses pupilles
avant que de se
laisser prendre par l’essence
à la station-service/au musée
il en respire l’odeur
ses paumes moites. Ça a toujours été comme ça
sa mère disait
ne respire pas
la peau des garçons
la tienne est bien assez grande
tatouée de griffures adolescentes
qu’on se fait en rigolant
le marbre pur n’a pas de traces
il faut y approcher de près pour voir
le sang palpiter
Edgar : « Ce poème est une histoire irrésolue de désir et d’odeur. On dit « ne pas toucher » mais la tentation est grande et la curiosité miraculeuse — et qui de la térébenthine ou de la sueur marquée aura notre peau ? J’écris sur un « il » pour qu’il m’échappe (par lâcheté, certainement). J’aime ne pas tout contrôler et laisser infuser les visions qui prennent élan sur le réel. L’hybride, la brèche, l’incompréhension et l’écoute m’attirent. Je n’aime pas écrire en miséricorde ou en lyrisme de miel. »