À Alua
J’avais quinze ans à Alua
Cachée sous mon large Targui
– de nuit, filant petite gouape
Sur le tranchant de l’ennui.
J’avais quinze ans à Alua
La soif de chair et de vie
J’en ai mangé des kilomètres
Frêle sur ma jambe de bois
J’avais quinze ans à Alua
Ses sentiers bordés de buis
J’avais quinze ans à Alua
J’allais partager mes agapes
Glissée dans les mêmes sapes
Toutes couvertes de suie
J’avais quinze ans à Alua
Sous les ténèbres infinies
Où la cascade vermeille
Miroitait à grand bruit
J’avais quinze ans à Alua
J’offrais mon corps à minuit
Les flots me donnaient l’escape
Qui s’enfuyait alors ravie.
J’avais quinze ans à Alua
Sur le tranchant de l’envie
J’avais quinze ans à Alua
Nu cœur sur les cailloux gris
J’avais quinze ans à Alua
Pas une pierre n’a bougé depuis
15 ans, la rage de vivre et le cœur au bord des lèvres, prêt à dégobiller toute la haine qu’il tente de supporter. C’est la découverte de soi-même dans le vortex d’ultra violence qui berce cet âge de raison. C’est la tendresse et la passion. La découverte du désir, une porte ouverte sur de nouveaux horizons. C’est le secret drapé de nuit qui se love le jour au creux des tripes, c’est l’innocence grisée, un avant-goût aussi de liberté.
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Bravo pour ce morceau de poésie et cette évasion avec des accents d’ailleurs. Il me donne le sentiment d’un voyage… Lire la suite »