À Alua
J’avais quinze ans à Alua
Cachée sous mon large Targui
– de nuit, filant petite gouape
Sur le tranchant de l’ennui.
J’avais quinze ans à Alua
La soif de chair et de vie
POÈMES LGBTQI+
J’avais quinze ans à Alua
Cachée sous mon large Targui
– de nuit, filant petite gouape
Sur le tranchant de l’ennui.
J’avais quinze ans à Alua
La soif de chair et de vie
Cœur libre
âme attachée à un ouragan
Je ne suis qu’un tissu de larmes
étiré déchiré puis recousu
Ma forme c’est l’audace de mes sentiments
Le rébus dévoré consumé de nuages menaçants et magnifiques
Esprit attaché aux tâtonnements des amours-scrupules
On s’arrête pour pisser
et là :
Curieux désir de descente en forêt.
Nous y croiserons les chasseurs
avinés et aux yeux en pleurs.
Ils font semblant de n’aimer que leurs femmes
et pourtant nous avons vu
leurs branches s’offrir
au premier passant qui s’arrête.
Slip chaussette plaid
À ma table à écrire à la fenêtre
Pilou-pilou rose doudou et chauffage économe
La nuit en ville rend un ciel orangeâtre
Je triture une mèche
Pourquoi il faut la rage, dis
Pourquoi il faut la rage ?
Mon corps est une vierge de fer.
Il emprisonne mon esprit.
Ankylose mes os.
Alourdit mes mouvements.
Ses crocs acérés me perçant de toute part.
Mon esprit s’enlisant de plus en plus dans les sables mouvants de l’adynamie.
Jusqu’à s’y figer, à jamais.